Les élections municipales en Israël : comment ça marche ?
Les élections municipales en Israël : comment ça marche ?
Candidate, en 2ème position, sur la liste HalevHa’hevrati de M. Léon Benloulou, Muriel Nabet nous explique le fonctionnement des Municipales en Israël.
Les prochaines municipales auront lieu le mardi 22 octobre 2013. Ces élections ont lieu tous les 5 ans. Les dernières se sont déroulées en novembre 2008. Pour pouvoir voter, un électeur doit être de nationalité israélienne et être âgé de 17 ans au moins.
Lors des municipales, les ashdodiens vont voter en même temps pour DEUX élections :
- La première, pour désigner la liste de leur choix, de manière à élire ses candidats comme membres du CONSEIL MUNICIPAL. Pour voter il faudra introduire dans une enveloppe BLANCHE un bulletin BLANC, sur lequel sera inscrit une ou deux lettres représentant la liste de leur choixet que l’on déposera dans une première urne. Les lettres seront connues seulement un mois et demi avant les élections et seront communiquées par voix de presse. Pour ces municipales, 22 listes se présentent…
- La deuxième, pour désigner le maire. Cette fois, il s’agira d’introduire dans une enveloppe JAUNE un bulletin JAUNE sur lequel sera inscrit le candidat de leur choixet que l’on déposera dans une seconde urne. Sur Ashdod, trois candidats se présentent, le maire sortant Dr Lasry, l’ancien maire, M. TsviTsilker et un ancien maire-adjoint M. SaniaKatsnelson, russophone.
Nous allons d’abord nous intéresser aux élections des candidats au Conseil municipal parce que c’est ce point qui est le plus difficile à comprendre pour les immigrants francophones. Contrairement à la France par exemple, où l’on ne vote que pour le maire et à qui on laisse le soin de choisir ses conseillers municipaux en fonction de ses propres intérêts, en Israël, c’est le citoyen qui décide qui va le représenter pour surveiller les lois que le maire souhaite faire voter, et pour proposer des projets en fonction de ses propres intérêts et non pas de ceux du maire. Par exemple, les conseillers municipaux russophones vont demander des budgets pour aider les olim de l’ex-Union Soviétique et les orthodoxes des budgets pour subventionner des centres aérés ou financer des établissements scolaires qui répondent aux attentes de leur communauté.
C’est le ministère de l’Intérieur qui décide du nombre de conseillers municipaux dans une ville en fonction du nombre d’habitants. Pour Ashdod, il est de 27. Il est important de préciser que les conseillers municipaux ne sont pas rémunérés. Près de deux tiers des conseillers municipaux sont orthodoxes ou appartiennent à des groupes ethniques, c’est-à-dire russophones ou géorgiens. Cela est dû au fait que c’est le conseiller municipal et non pas le maire qui défend vos intérêts. Le Conseil municipal est une sorte de parlement au niveau local qui prend les décisions, représente les habitants et contrôle la politique du maire.
Les spécialistes répartissent les électeurs en trois groupes :
- Les israéliens de longue date. Ils représentent le groupe le plus important, 80.000 électeurs, soit près de la moitié du nombre d’électeurs sur Ashdod. Pourtant, comme ils ne se déplacent pas pour voter, leur taux de participation est très faible, 45 % et, du coup, ils n’ont que 12 élus, dont un seul maire-adjoint, M. Léon Benloulou, sur 27 sièges que compte le Conseil municipal et qui sont répartis sur six listes… Il est intéressant de noter que la liste du maire, Dr Lasry, n’a obtenu que 10 % des suffrages. Bien que les plus nombreux, les intérêts des israéliens de longue date passent donc au second plan puisqu’ils ne font pas l’effort de s’exprimer lors des Municipales.
- Les olim, c’est-à-dire ceux qui sont arrivés en Israël au cours des vingt dernières années, qu’ils soient originaires de France ou d’ex-Union Soviétique, sont au nombre de 51.000 électeurs et votent à hauteur de 65 %. Ce sont essentiellement les immigrants russophones qui font monter ce taux puisque les olim francophones, aux précédentes élections, ne s’étaient pas vraiment déplacés pour voter. En conséquence, les russophones ont obtenu 7 élus municipaux, dont deux maire-adjoints, pour les représenter et défendre leurs intérêts et les olim francophones… 0, NADA, OUELLO, LA BULLE, QUE DALLE !
- Les orthodoxes, ashkénazes et sépharades sont 37.000. Bien qu’ils représentent aujourd’hui un quart du nombre total des électeurs, comme leur taux de participation s’élève à 85 %, ils ont 7 conseillers municipaux, soit près d’un tiers des élus au Conseil municipal, dont deux maire-adjoints.Ils parviennent ainsi à jouer un rôle de premier ordre sur les décisions prises dans la ville.
Comme vous l’avez compris, bien que les immigrants francophones ont, du fait de leur nombre, la possibilité d’avoir TROIS élus au Conseil municipal.Comme ils ne se sentent pas concernés, SURTOUT LES PLUS JEUNES, ils n’ont personne pour défendre leurs intérêts le moment venu. Et quand il s’agit de faire du forcing auprès d’établissements scolaires, pas très enclins à les inscrire, à trouver une mission pour les jeunes filles qui souhaitent faire leur ChérouthLéoumi sur Ashdod, à trouver du travail à un père de famille ou à aider des personnes démunies, nous n’avons personne à qui nous adresser puisque les immigrants francophones n’ont, à ce jour, AUCUN représentant au Conseil municipal.
Venons-en à l’élection du maire. Comme précisé plus haut, trois candidats se présentent aujourd’hui. La seule certitude c’est que, comme aux précédentes municipales où il a fallu attendre 3h du matin tant les résultats étaient serrés, là encore, tout ça va se jouer sur un fil.
Le faiseur de roi sera incontestablement, le candidat russophone M. Sania (Chimon) Katsnelson qui est crédité à ce jour de 18 % des voix pour le vote du maire (pour sa liste au conseil municipal, sans être formel sur ce point, il semblerait qu’il parvienne à obtenir 2 sièges). Il devrait, quelques semaines avant le Municipales, se retirer de la course à la mairie, tout en maintenant sa liste pour le conseil municipal bien sûr, en faveur de M. TsviTsilker. Mais comme en politique on sait qu’on a tout vu mais qu’on a encore rien vu, tout est possible…
La seule chose qui est sûre, c’est qu’en Israël on ne commet surtout pas l’erreur qui a été faite en France, et l’on ne donne pas les pleins pouvoirs au maire en votant à la fois pour sa liste au Conseil municipal et pour lui-même, parce que cela revient à la fameuse expression israélienne « Sandwich à la pita ». Sans rentrer dans la polémique, par exemple, si les français n’avaient pas élu un président socialiste, donner la majorité aux socialistes à l’Assemblée Nationale et par ricochet élu également un sénat socialiste, la loi du « Mariage pour tous » n’aurait pas pu être votée. C’est justement pour s’assurer d’avoir des garde-fous d’une part, et pour avoir la possibilité de défendre les intérêts de chaque communauté, que les israéliens votent pour une liste différente au Conseil municipal que celle du maire.
Voilà, maintenant que vous savez tout sur les prochaines municipales, il ne vous reste plus, en tant qu’immigrant francophone, à voter pour celui des candidats qui est le plus proche de vos intérêts et qui saura faire entendre votre voix, en particulier au Conseil municipal.
Articles similaires
Tags: elections municipales Israel modalites Muriel Nabet scrutin
Aucun commentaire