Pallywood, l'Affaire Al-Dura et autres récits meurtriers
L’affaire Philippe Karsenty vs France 2 et Charles Enderlin est loin d’être terminée. Alors que France 2 accuse Karsenty de diffamation et s’entête à ne pas reconnaître les torts et les mensonges de son cameraman palestinien mais aussi les leurs, Philippe Karsenty revient encore une fois devant le tribunal correctionnel ce mercredi 16 janvier 2013.
La France a l’un de ces secrets de Polichinelle qui donne naissance à la haine, la vengeance et la mort. Le 19 mars 2012, quand Mohamed Merah, nées de parents algériens, a tué sept personnes, dont trois enfants juifs de sang-froid pour venger la façon dont «les mêmes Juifs » ont tué ses «frères et sœurs musulmans en Palestine », beaucoup dans la communauté musulmane française le voyait comme un héros. Le pronostic d’une société civile avec un mouvement aussi hostile en son sein n’est pas encourageant.
Et le secret de Polichinelle réside dans l’échec colossal de la presse française dans l’affaire al-Dura en 2000 jusqu’à ce jour. Al-Dura était le garçon de 12 ans dont la prétendue mort sous les balles israéliennes dans les bras de son père ont choqué le monde et est devenu l’emblème de l’Intifada d’Oslo. Une image qui s’avère aussi fausse que médiatiquement puissante. Ainsi, pour plusieurs bonnes raisons, les Français, et en fait chaque citoyen civique de la communauté mondiale, devraient prêter attention à ce qui se passe aujourd’hui à la Cour d’appel de Paris.
Pour la sixième fois en autant d’années, les tribunaux entendront les accusations de France 2 contre un citoyen, Philippe Karsenty pour les avoir accusé d’avoir diffusé une « mise en scène » (et donc une information falsifiée) dans l’affaire Mohammed al-Dura.
Pour ses adeptes, «le petit Mohamed», comme il est connu en France, est «martyr du monde» car, grâce à France2, « le monde entier a vu » qu’il a été abattu, et a été la « cible de tirs israéliens », mourant ainsi dans les bras de son père. Sauf que personne ne l’a vu mourir dans le film, et encore moins dans les bras de son père. Au contraire, la preuve accablante suggère qu’il s’agissait d’une mise en scène par le caméraman de France 2, Talal abu Rahmah, que Charles Enderlin a transformé en infos sensationnelles.
Les médias français adeptes du « Pallywood »
En effet, quelques histoires incarnent le secret de Polichinelle meurtrier qui hante la France d’aujourd’hui. France2 (et tous les autres, comme Enderlin est prompt à le souligner) est adepte du « Pallywoodisme » tout le temps: c’est un secret de Polichinelle qu’ils admettent ouvertement en privé, mais nient en public.
« Ils le font tout le temps», confient en privé Enderlin et ses patrons lorsqu’ils sont confrontés à la preuve exhaustive de mise en scène dans le travail du cameraman. Mais publiquement Enderlin insiste, surtout lorsqu’il est confronté aux revendications selon lesquelles il a mis en scène le film al-Dura : «J’ai confiance à 100 % en mon caméraman, si bien que je ne pense même pas à lui poser des questions ». Et pourtant, lorsque les juges, lors du dernier procès, ont vu la séquence tournée par le caméraman palestinien de France 2, ils ont radicalement infirmé la constatation de la juridiction inférieure, en critiquant sévèrement les normes journalistiques d’Enderlin. « Et dire que j’ai demandé cette séquence comme une faveur à France2, » a remarqué plus tard l’un des juges ‘off the record’.
Toutefois, cette décision a inspiré les collègues Enderlin à se serrer les coudes. Le Nouvel Observateur a parrainé une pétition pour la défense à la fois de son honneur, et du droit des journalistes à faire des reportages librement, sans l’effet «paralysant» de la critique des citoyens qui sape les énergies des bons journalistes ».
Pendant ce temps l’employeur de Charles, France2, a fait appel à la cour suprême, qui a jugé que la cour d’appel n’avait pas le droit d’exiger la vidéo, et a renvoyé l’affaire à la cour d’appel… Même salle, même « Palais de Justice » !
L’histoire de Mohammed al-Dura et du journalisme fatal qu’elle a engendré mérite l’attention de toute personne qui se soucie de liberté de la presse et de la culture démocratique qu’elle sert et protège. Aucun incident n’illustre mieux pourquoi l’Occident a jusqu’à présent connu un aussi piètre sort dans sa rencontre avec les forces du djihad global et pourquoi les occidentaux ont constamment perdu du terrain face à certaines des forces les plus répressives de la planète.
Plus de 10 ans que les médias nourrissent les pires instincts anti-israéliens
L’affaire combine trois traits: l’absurdité de la narration, la façon dont certains ont façonné ce récit et ainsi ont donné du crédit à « la vengeance contre les Juifs » du djihad (les recruteurs de Ben Laden et d’autres pour le djihad mondial), et le refus déterminé de journalistes, dont le métier est d’étudier, de réexaminer la question, malgré l’étendue des dommages occasionnés. Cela fait plus de dix ans que les journalistes crédules pompent des récits toxiques au sujet d’Israël et nourrissent les pires instincts d’une minorité radicalisée, paralysant la capacité des gens plus senséss à comprendre la situation, et encore moins à résister à ce que Ben Laden appelle « le cheval fort » du djihad mondial.
Karsenty a accusé Enderlin «d’avoir été dupé et, ce faisant, de nous duper», et Enderlin continue à prétendre qu’il s’agit d’un « coup intolérable et inacceptable à son honneur ».
L’accusation peut s’étendre aux médias traditionnels: ils sont dupés par les guerriers djihadistes qui les manipulent avec un approvisionnement apparemment irrésistible de récits mortels sur les malversations d’Israël, et, ce faisant, nous aveuglent face à ceux qui nous menacent réellement.
La cour d’appel française se prononcera-t-elle en faveur du droit de leurs citoyens à critiquer la professionnalité de leurs médias, ou en faveur de ce que Daniel Dayan a appelé la «nouvelle institution sacrée», les médias, et son droit à utiliser le pouvoir de l’État pour sauver son honneur en faisant taire les critiques de ses prérogatives?
Traduction à partir d’un article de Prof. Richard Landes, historien américain, professeur agrégé au Département d’histoire de l’Université de Boston.
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