Le printemps tunisien se transforme en hiver pour la communauté juive de Tunisie
Décembre 2011 : le vice-Premier ministre d’Israël d’origine tunisienne, Silvan Shalom, appelait les Juifs vivant encore en Tunisie à immigrer en Israël. Cet appel a été rejeté avec dérision par la communauté juive de Tunisie en voie de disparition et jadis florissante.
Mais avec la nouvelle législation proposée dans le gouvernement islamiste, les Juifs tunisiens devraient sans doute repenser leur loyauté envers un pays qui ne veut plus d’eux. En effet, le Parlement tunisien s’efforce d’adopter une loi qui interdira l’importation de livres religieux, de nourriture cachère, et même les visiteurs en provenance d’Israël. Les Juifs de Tunisie travaillent pour parvenir à un compromis avec le gouvernement pour empêcher le Parlement d’adopter la loi dans un délai de quelques mois.
Dans une interview accordée à Makor Rishon, le Rav Haim Biton, grand rabbin de la communauté juive de Tunisie a déclaré: «Aujourd’hui, le gouvernement nous permet d’apporter de la nourriture, des médicaments, des livres éducatifs et religieux en provenance d’Israël. Si cette loi passe, notre condition va complètement changer ».
Il a poursuivi en disant qu’ils essaient d’expliquer au gouvernement que si la loi passe, en quelques mois, à partir de maintenant, leurs proches en provenance d’Israël ne seront pas en mesure de leur rendre visite, qu’ils n’auront plus beaucoup de produits alimentaires casher, et bien sûr, qu’ils ne seront pas en mesure d’amener des matériaux religieux et éducatifs.
D’autres membres de la communauté étaient moins optimistes, convaincus que le gouvernement essaie de couper les Juifs de leur culture. «Derrière cette loi, c’est leur désir de couper notre connexion avec Israël,» disaient-ils.
En novembre, la Tunisie a adopté une loi distincte limitant l’importation de médicaments des ONG en provenance de sources étrangères, qui, de toute évidence, exclut Israël.
Malgré le fait que le nouveau projet de loi n’a pas encore été adoptée, les demandes récentes des citoyens israéliens pour se rendre en Tunisie ont été à plusieurs reprises rejetées, tandis que huit mois plus tôt, ils le pouvaient.
La communauté juive de Tunisie est divisée sur la meilleure façon de lutter contre le projet de loi: tranquillement et dans les coulisses, ou avec des pétitions publiques. Mais la plupart pensent que la loi ne passera pas et préfèrent garder profil bas et éviter les conflits avec le nouveau gouvernement.
La Tunisie organisera des élections le 23 octobre prochain, en supposant qu’ils ne les retarderont pas à nouveau comme ils l’ont fait en juillet. Si cette loi passe, ce sera un échec patent de la jeune démocratie tunisienne et sa capacité à protéger les droits fondamentaux de ses citoyens issus des minorités.
À son apogée, la Tunisie avait 110.000 Juifs. Moins de 2000 Juifs y vivent aujourd’hui dans l’une des plus anciennes communautés juives de la diaspora, qui selon certaines sources, fut d’abord colonisée par les Juifs à l’époque où le Premier Temple a été détruit.
Il y a 2500 ans, les Lévites vivant à Djerba, en Tunisie, n’ont pas écouté l’appel à retourner en Israël d’Ezra le Scribe. Peut-être que cette fois les Juifs de Tunisie devraient écouter Silvan Shalom.
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