N’hésitez plus, changez de banque !
! N’hésitez plus, changez de banque
Par Muriel Nabet
Ces dernières semaines, plusieurs reportages diffusés sur les chaînes israéliennes ont mis en exergue le mécontentement des clients israéliens pour tout ce qui concerne les commissions bancaires, jugées souvent abusives, prélevées sur leur compte. Combien de fois ai-je entendu des nouveaux immigrants se plaindre pour ce qu’ils considèrent, à juste titre, comme une aberration le fait d’être débités d’une commission alors qu’ils déposent de l’argent sur leur compte…
Combien d’entre nous vérifient le montant des commissions bancaires qui s’additionnent allègrement au fil des transactions ? En dépit d’une volonté du gouvernement israélien qui a légiféré fin 2007 pour s’attaquer à cet excès de commissions bancaires en réduisant, dans un premier temps, leur nombre de 200 à 68 (!), force est de constater que, d’une banque à l’autre, les pratiques sont très aléatoires. Par exemple, lorsqu’elles rejettent un chèque ou un prélèvement, certaines banques pénalisent doublement leurs clients en s’octroyant du même coup une commission qui avoisinent la somme de 70 shekels qu’elles débitent autant de fois qu’il y a de rejets ! D’autres banques, qui font preuve d’une plus grande moralité, après avoir rejeté les règlements, facturent une lettre d’avertissement d’environ 50 shekels pour l’ensemble des rejets.
On le voit bien au travers de cet exemple, d’importantes disparités existent entre les établissements bancaires, d’où la nécessité, pour le client, de se poser toutes les questions qui s’imposent avant l’ouverture d’un compte et de suivre scrupuleusement les différentes opérations que la banque effectue.
Tout d’abord, il y a lieu de vérifier la taille de la banque. En effet, plus il s’agit d’une banque modeste, moins il y aura de facilités. Par exemple, pour l’octroi d’une carte de crédit à débit différé (à une date fixe chaque mois), les banques de petite taille exigent généralement de bloquer une somme équivalente au montant d’achats accordé (misguéreth), même s’il y a de grosses sommes sur le compte. Pourtant, la majorité des établissements bancaires accordent un crédit renouvelable plus ou moins important sans pour autant qu’il soit nécessaire de bloquer en contrepartie de l’argent. Il faut savoir également que, pour des salariés, il est d’usage que la banque accorde un découvert autorisé équivalent à trois fois le montant de leur rémunération mensuelle nette, moyennant bien sûr des intérêts élevés.
En 1948, plus de 84 banques proposaient leurs services en Israël alors qu’aujourd’hui seules cinq établissements se partagent l’essentiel du marché : la banque Hapoalim (2,5 milliards de bénéfices en 2012), la banque Léumi (1 milliard de bénéfices), la banque Mizra’hi (1 milliard de bénéfices), la banque Discount (800 millions de bénéfices) et la Beinléumi (600 millions de bénéfices). Dans ces conditions, il est facile de comprendre qu’il existe entre ces établissements un consensus pour maintenir des taux et commissions relativement proches, sans concurrence réelle.
Contrairement à l’Europe ou aux Etats-Unis où le pourcentage de clients qui quittent leur banque pour ouvrir un compte chez la concurrence s’élève à 10 %, en Israël il n’est que de 5 %.
Désireux de promouvoir la concurrence entre les banques, à l’instar de la révolution tarifaire qui a changé la donne chez les opérateurs de téléphonie mobile, au 1er janvier 2013, le gouvernement a autorisé la banque de Jérusalem (Bank Yéroushalaïm), jusque-là limitée au domaine du crédit immobilier, à étendre ses services à toutes les prestations bancaires. Afin de conquérir les clients, il faut bien le reconnaître avec des résultats très modestes pour l’instant, cette banque a décidé de ne prélever AUCUNE commission, sans exiger un salaire spécifique – comme c’est souvent le cas des autres banques qui exigent un salaire de 7.000 shekels nets minimum pour les dispenser, pour un délai limité, de payer des frais bancaires – et sans limite de temps.
Malheureusement, il faut savoir également que 300.000 familles aux faibles revenus sont aujourd’hui interdites bancaires en Israël et, du coup, sont contraintes de payer de fortes commissions sur leurs salaires déjà bas, pour pouvoir encaisser en espèces leur paye…
Pour parer à cette centralisation du pouvoir bancaire, la «Banque coopérative» devrait voir le jour courant 2015. Il s’agit d’une banque qui est le fruit d’un élan populaire et dont les clients seraient les actionnaires, moyennant l’achat d’actions pour une somme de 3.000 shekels par famille. Espérons que cette banque qui ne prélèvera aucune commission permettra de faire jouer la concurrence.
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